Saskatchewan
Nous sommes en novembre 2006, après une saison décevante de chasse aux chevreuils au Québec, nous décidons de nous tourner vers l’ouest canadien histoire que notre saison 2007 soit plus excitante que la précédente. Ayant connu de nombreuses personnes qui y sont déjà allées, l’aventure nous excitait et on commença à planifier notre voyage un an à l’avance afin d’être au point le moment venu. Il y a plusieurs règles différentes pour la chasse entre le Québec et la Saskatchewan, il faut donc être bien préparé pour être sûr de ne pas se faire prendre dans l’illégalité. Les règles varient aussi bien par rapport à l’habillement qu’aux journées possibles de chasse. En Saskatchewan, nous devons porter un habit blanc et une tuque orange ou bien être tout d’orange vêtus. Nous n’avons pas le droit non plus de chasser dans les champs, seul les boisés sont permis durant la période que nous avons choisie. De plus, il faut placer une affiche avec notre nom et adresse sur notre mirador ainsi qu’une autre affiche sur le site appâté. Bref, de nombreuses règles inhabituelles pour nous devront être suivies, mais tout ça ne nous empêchera tout de même pas de faire de notre périple un franc succès… Espérons-le !!!
Septembre 2007 arrive enfin. Tout est prêt. Nous serons sept chasseurs. Il ne nous reste qu’à acheter nos billets d’avion via la compagnie West Jet, un vol avec escale au coût total de 600 $ pour l’aller-retour. L’attente tire à sa fin, octobre s’envole tout aussi vite que les couleurs de l’automne et novembre arrive précipitamment tel les premières neiges de la saison.
10 novembre 2007, enfin le grand jour est arrivé !!! Nous partons de Beauceville direction l’aéroport P.E.T. à Montréal. Embarquement immédiat en direction de Calgary où nous faisons une première escale de très courte durée, et ensuite Saskatoon, débarcadère ultime pour notre équipe. Aussitôt arrivés, nous constatons qu’il y a beaucoup de chasseurs sur place provenant de partout, mais surtout des États-Unis. Plusieurs pourvoyeurs sont présents sur place afin d’y prendre leurs clients. Certains d’entre eux sont assez connus, tel le père du populaire Jim Shockey’s, présent sur place avec sa flotte de gros camions aux couleurs de leur pourvoirie.
Les bagages récupérés, nous allons acheter nos permis de chasse non-résidents au coût de 150 $, qui nous donnent le droit de chasser le chevreuil uniquement. Ensuite nous nous dirigeons vers le nord où nous passerons la semaine chez un ami. Durée totale de notre « trip » pour arriver chez lui : 16 heures.
Le dimanche, il est interdit de chasser en Saskatchewan. La journée sera alors consacrée à la prospection. Nous visitons de nombreux endroits et c’est avec stupéfaction et étonnement que nous avons la chance d’observer combien de frottages et de grattés il y a… Il y en a partout et à tous les 100 pieds. On « capote » et on est « crinqué » au max pour le lendemain. Vivement demain !!!
Lundi matin, premier jour de chasse à l’horizon. Nous avons cinq jours et demi de chasse pour récolter chacun un beau buck. La plupart des spots sont des tree-stands dans les couloirs de circulation et il y a quelques autres endroits qui ont été appâtés avec de la luzerne. Le type de territoire où nous chassons est très vaste et très plat en même temps. Il y a des champs partout et ça ressemble beaucoup à la région de Saint-Hyacinthe. La végétation est toute aussi semblable à la nôtre. On retrouve très peu de conifères dans ce type de végétation, mais le tremble y est très présent. Nous rejoignons donc tous nos places respectives et, l’euphorie à son comble, la chasse débute enfin et le simple craquement stimule en nous l’excitation du moment tant attendu.
Notre première journée passa très rapidement et seul un chanceux parmi nous pouvait crier victoire et se pavaner avec son magnifique 10 pointes récolté après seulement 2 heures de chasse. C’est en pratiquant le ratling qu’il put déjouer la ruse de ce buck.
Mardi, calme plat, il ne se passe rien et je commence à me poser de sérieuses questions sur la Saskatchewan. Nous sommes-nous fait avoir en venant ici ? Bref, rien d’encourageant de mon côté et par dessus tout, une tempête de neige se mit de la partie et s’annonçait interminable…
Mercredi je change de spot pour aller m’installer dans un autre couloir de transition où nous avons pris en photo un très gros buck doté d’un panache immense. Je commence à être très encouragé.
Vers 9h du matin, après avoir entamé une bonne séance de rattling, les premiers craquements se font entendre et la nervosité s’empare de moi… Serait-ce mon buck qui se pointe déjà au rendez-vous ? Bien sûr que non ! Vous savez tous que la chasse n’est pas aussi facile que ça. Un petit buck pointe enfin le bout du museau, mais je ne suis pas là pour tirer un « spike ». Je le laisse donc passer.
La journée se passe sans autres incidents. Ça fait maintenant 3 jours que je suis dans mon stand du matin au soir, sans descendre, et j’ai seulement pu compter sur le bout d’un doigt le nombre de bucks aperçus… et nous sommes en Saskatchewan ???? Je commence à désespérer.
Pendant la journée de mercredi, deux autres copains récoltent deux beaux 10 pointes encore, un avec la méthode du rattling et l’autre à la chasse fine. Toutes ces réussites commencent à exercer sur nous une certaine pression.
Jeudi matin, je décide encore une fois de changer de secteur, mais comme depuis le début du voyage, il ne se passe rien dans l’avant midi, mort raide. Je décide de changer de nouveau de place en après-midi : je m’en vais dans un secteur où mon compagnon a tué le matin même et je m’y installe, caméra à la main, dans un tree-stand surplombant un site appâté. Déjà deux bucks y ont été récoltés. Vais-je voir quelque chose ici quand même ?
En me rendant vers le stand, je marche dans la traînée laissée par la sortie du buck de mon chum faite le matin même. Soudain je croise une piste fraîche dans cette même traînée se dirigeant vers le site appâté. Je redeviens pas mal encouragé. Je m’installe à la hâte et après à peine quelques séances de rattling et de grunt, un beau buck, mon Beau Buck, sort enfin. Bang !
Je ne sais pas trop comment vous expliquer tout ce qui s’est déroulé à ce moment-là et j’aimerais bien vous en faire visionner quelques images, mais celles-ci seront disponibles en primeur dans mon DVD Histoires de Chasse
www.chassomaniak.com/dvd qui paraîtra bientôt. Finalement j’ai récolté un beau 12 pointes de 180 Lbs qui fait 140 au B&C.
La Saskatchewan est souvent vantée par de nombreux chasseurs, mais à sept chasseurs nous n’avons pas vu beaucoup de chevreuils et notre chasse a été très difficile. Même si nous étions en Saskatchewan, il faut savoir chasser et il faut travailler très fort pour réussir nous aussi à récolter de pareils chevreuils.
François Ratté